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Carnet de notes

Il existe des signes avant coureur communs aux crises postérieures à la seconde guerre mondiale, et que les conséquences de ces crises sont aussi généralement identiques.

25 Octobre 2014, 08:09am

Publié par Elisa

La cause profonde et principale de la crise a été sans aucun doute la spéculation qui s’était emparée du pays et s’était répandue dans le monde entier.

Il existe des signes avant coureur communs aux crises  postérieures à la seconde guerre mondiale, et que les conséquences de ces crises sont aussi  généralement identiques.

Paul Claudel (6 août 1868 – 23 février 1955) dramaturge, poète et romancier phare du XXe siècle français, auteur d’une œuvre au puissant lyrisme où s’exprime son christianisme exalté, fut aussi un diplomate réputé. Nommé en 1927 ambassadeur de France à Washington, il sera un observateur privilégié de la grande crise économique et du fameux « jeudi noir » d’octobre 1929. Voici un document rare, le récit épistolaire de cette journée fatidique, pleine de résonances avec la crise de 2007, par l’un des plus grands écrivains français.

 

Lettre de Paul Claudel sur la crise de 1929 :

6 novembre 1929

La panique de Wall Street

Votre Excellence a sans doute remarqué que dans tous les rapports que depuis mon arrivée aux Etats-Unis je lui ai adressés sur l’état des affaires américaines je n’avais pas manqué, en contradiction avec l’optimisme à outrance qui prévalait dans certains milieux, de souligner que le tableau de la prospérité de ce pays comporterait des points noirs, dont le plus grave était la situation créée sur le marché de New York par le volume toujours croissant des emprunts aux agents de change et pas conséquent à la spéculation. Les événements, sans précédent dans l’histoire de Wall Street, qui viennent de se produire du 24 ou 30 octobre ont justifié ces appréhensions.

Il ne m’appartient pas de tenter de faire un compte rendu complet de l’histoire de cette panique. C’est là le travail des spécialistes. De même, il est encore trop tôt pour se lancer dans des hypothèses sur toutes ces causes, ainsi que sur les répercussions qu’elle aura sur le mouvement des affaires. Je ne peux donc me limiter qu’à quelques considérations d’ordre général.

Dès le début de septembre, le marché de New York — dénommé le Coolidge-Hoover bull market —, parce que, à l’exception de quelques baisses intermittentes dont il s’était relevé, il  n’avait cessé d’accuser depuis six ans des courbes ascendantes, donnait des signes de faiblesse. […]

Brusquement, le 24 octobre, une demi-heure après l’ouverture de la Bourse, les cours faiblirent. Cette chute pour ainsi dire perpendiculaire, occasionnée par des ordres de vente donnés de tous les coins du pays pas des spéculateurs effrayés et démoralisés, provoqua une panique sans précédent à Wall Street. Le déluge fut tel qu’à midi, en raison du nombre fabuleux de ventes « au marché », il était impossible aux agents de change d’avoir des offres d’achat à n’importe quel prix. Les actions considérées comme les plus solides, celles des compagnies dont les affaires se sont, jusqu’à maintenant, normalement développées avec le pays, suivaient le sort des titres des compagnies d’une solidité douteuse. C’était la panique sur toute la ligne. Il fut un moment question de fermer la Bourse. C’est alors que les chefs des banques intervinrent, se rendant exactement compte sans doute du lamentable effet et des conséquences désastreuses qu’aurait, dans le monde entier, la clôture du plus grand marché financier. […]

Il s’agissait, expliquait-on, d’une crise uniquement limitée à la Bourse et n’affectant pas les conditions des affaires qui demeuraient excellentes. La meilleure preuve se trouvait dans l’abondance d’argent et dans les faibles taux d’intérêt.

Ces diverses déclarations et l’intervention des banquiers, à qui le public attribuait avec trop de candeur l’intention de soutenir le marché alors qu’il s’agissait seulement d’enrayer des chutes catastrophiques, eurent pour effet de stabiliser les achats et ventes au cours des deux sessions de vendredi et de samedi qui suivirent la panique du 25 octobre.

Personne assurément ne s’attendait à ce que cette panique revêtit un caractère plus grave encore les 28 et 29 octobre. Car, si les baisses qui se sont produites pendant ces deux journées ont revêtu un caractère moins désordonné que celle du 25, leur ampleur a été plus considérable encore. […]

Dans la seule journée du 28, plus de neuf millions d’actions furent vendues à n’importe quel prix par des spéculateurs dans l’impossibilité de résister au torrent, auxquels s’ajoutaient des groupes de puissants manipulateurs dont la situation craquait et d’opérateurs à la baisse qui tenaient à profiter d’une situation attendue par eux depuis longtemps. À la fin de la séance, les valeurs clôturaient au cours le plus bas. […]

Il était réservé à la journée du 29 d’enregistrer une baisse encore plus accentuée, au cours d’une séance encore plus volumineuse que la veille, puisque les transactions portèrent sur seize millions et demi d’actions. Rien ne paraissait cette fois devoir enrayer une chute d’autant plus impressionnante peut-être qu’elle était ordonnée et que dans de pareilles circonstances l’ordre est de nature à effrayer davantage que l’irréflexion d’une foule démoralisée. […] Contrairement à une tradition scrupuleusement observée par lui, le vieux Rockefeller faisait téléphoner de sa retraite de Pocantico Hills une déclaration en son nom personnel et en celui de son fils : tous deux considéraient que les chutes violentes qui venaient de se produire étaient injustifiées, les cours de certaines actions étaient trop bas vu l’état de prospérité du pays, en conséquence, ils étaient acheteurs. Ce fut le tournant décisif. Les actions se raffermirent aussitôt ; la baisse fut enrayée pour la journée. Le lendemain, de puissants ordres d’achat amenèrent un rétablissement de la situation. À la clôture du 30 octobre, un redressement très sensible était intervenu. Il s’accentua le lendemain au cours d’une séance qui enregistra des gains égaux à la moitié environ des pertes subies le 28 et 29. […]

Dans l’opinion générale, le pire était passé. Des colonnes entières de journaux étaient réservés à l’examen d’une situation considérée comme définitivement assainie. […] La presse entière annonçait qu’après les deux jours de fermeture jugés indispensables pour la liquidation matérielle du travail imposé à Wall Street par l’excitation de ces jours de panique, il fallait s’attendre à une hausse probable qu’entraîneraient d’innombrables ordres d’achat provenant non seulement des Etats-Unis où un nouveau groupe d’acheteurs était prêt à remplacer celui qui venait d’être balayé, mais de tous les points du monde.

Il n’en a rien été. La Bourse a repris ses séances lundi matin et ce matin. Contrairement à ce que la majorité des spécialistes attendait, la baisse a recommencé et elle n’est pas enrayée à l’heure où j’écris. Les cours sont au plus bas, bien au-dessous de ceux du 29 octobre. Tels sont les faits brièvement résumés et d’ailleurs connus de vous. Les causes et les effets de la panique sont d’une explication moins facile. […]

La cause profonde et principale de la crise a été sans aucun doute la spéculation qui s’était emparée du pays et s’était répandue dans le monde entier. Dans une poussée sans précédent, les achats étaient faits par une foule de plus en plus nombreuse de spéculateurs, sans tenir aucun compte des bilans des sociétés, de leurs gains et de leurs perspectives raisonnables pour l’avenir. […]

Tout l’argent du monde affluait à Wall Street où il était utilisé à alimenter une spéculation de plus en plus dangereuse. Depuis le millionnaire jusqu’au cireur de bottes, la population américaine tout entière était engagée. Il était fatal qu’une correction se produisit un jour ou l’autre, et la baisse qui, depuis le printemps dégradait lentement les valeurs de second ordre, était un symptôme pour les observateurs expérimentés dont, en leur temps j’ai communiqué les craintes à V. Exc. À plusieurs moments des affaiblissements considérables s’étaient produits, suivis de reprises de moins en moins énergiques. Personne ne s’attendait pourtant à ce que la catastrophe fut aussi violente. Aussitôt que les premiers symptômes d’une liquidation causée par le relèvement du taux de l’escompte à New York et à Londres et par le rapatriement d’or en Europe firent leur apparition, les ventes de spéculateurs opérant sur marges se précipitèrent sans pouvoir être arrêtées.

L’émission d’un nombre considérable de nouveaux titres qui ne purent pas être absorbés par le public est donnée comme une cause secondaire, mais néanmoins importante de la baisse. C’est ce qu’on appelle les « valeurs non digérées ». Il est incontestable par ailleurs, que le volume sans cesse croissant des prêts aux agents de change soit par les banques, soit pas les sociétés ou individus des Etats-Unis et du monde entier, avait créé une véritable inflation. Enfin, des perspectives moins rassurantes sur l’état futur des affaires avaient fini par amener beaucoup de gens à la conviction que les prix étaient vraiment trop élevés et ne correspondaient plus aux bénéfices que l’on pouvait attendre, à un moment où se révélaient des signes de dépression dans certains compartiments de l’activité économique américaine.

Ce dernier point touche aux conséquences que va produire la crise de Wall Street sur les affaires en général. Ici, les opinions ont subi depuis le début des variations assez caractéristiques. La première opinion du gouvernement, des membres du Federal Reserve, des grands banquiers, capitalistes, etc., a été qu’il s’agissait d’une crise essentiellement de bourse, n’ayant aucun rapport avec la situation économique du pays, qu’au contraire les crédits qui étaient dirigés sur Wall Street pourraient maintenant être plus utilement employés par certaines affaires qui avaient dû, comme les compagnies de chemins de fer, retarder d’importants travaux en raison de la cherté de l’argent. Un journal trouva même pour le krach de 1929 une qualification géniale. C’était un prosperity crash, une crise de prospérité, un symptôme de santé et d’affluence.

À l’appui de cette théorie, on faisait observer que durant toute la crise l’argent a été abondant et bon marché, alors que durant les crises de 1901 et 1907, le taux était allé jusqu’à 75 et 125%. Cette observation est exacte : l’argent n’a pas fait défaut, puisque les banques ont pu fournir au marché tout ce qui était nécessaire sans raffermir le taux. Il n’y a pas eu, à la connaissance générale, de faillites de banques ou de maisons d’agents de change, sauf deux, d’ailleurs secondaires.

Ces déclarations optimistes entraînaient une conclusion assez générale à savoir que la crise n’aurait de conséquences fâcheuses que dans les industries et commerces de luxe. À cet égard, il est probable que les importations françaises au Etats-Unis vont être touchées. Mais les conséquences paraissent devoir être plus sérieuses. On calcule que plus de 25 milliards de dollars ont été perdus. Ce chiffre fabuleux consistait, il est vrai, dans des bénéfices papier. Mais il n’en reste pas moins vrai que le pouvoir d’achat, et surtout de crédit, de la grande masse de la population américaine a été considérablement réduit. La classe moyenne est la plus atteinte, car, comme d’habitude ce sont surtout les petits qui ont perdu leurs économies. Ce fait pourrait avoir des répercussions sur les ventes au crédit, car le système de l’instalment plan existe à peu près dans tous les domaines, automobiles, radios, victrolas, fourrures, maisons, etc. Des resserrements sérieux sont certains de ce côté-là. Mais il y a plus que cela. La baisse du marché continue sans doute pour d’autres raisons que la nécessité de liquider des positions encore faibles. Déjà on commence à admettre que la dépression pourrait s’étendre au-delà des compartiments indiqués ci-dessus. L’industrie de l’acier est en baisse, comme la fabrication des automobiles et, signe plus caractéristique, comme les chargements des chemins de fer. Ne peut-on admettre que le pays est décidément entré dans la voie d’une dépression, qui, sans revêtir les proportions de celle de 1920, pourrait néanmoins être sérieuse ? Les quelques mois à venir le diront.

source : http://www.deslettres.fr

 

CONCLUSION :

Les menaces pour les démocraties sont multiples : crise économique et sociale ; montée des nationalismes économique, avec le protectionnisme et la formation de blocs autour des monnaies (bloc dollar, bloc livre sterling, bloc or), et politique (patriotisme français avec les anciens combattants, comportement des WASP et du Ku Klux Klan aux Etats-Unis, nationalisme allemand.).

Les échanges commerciaux se rétractent et les relations internationales se tendent :échec de la SDN, réarmement de l'Allemagne, conquête de l'Ethiopie en 1935 par l'Italie, Anschluss, montée des dictatures en Europe. Malgré l'agressivité des dictatures, les démocraties restent passives. Tous les ingrédients sont réunis pour ébranler une paix déjà fragile.

En 2007 et 2008 A DEUX REPRISES LES BANQUES ONT ÉTÉ SAUVÉES PAR LES ÉTATS OU LES ÉMANATIONS DES ÉTATS, DONC LES CONTRIBUABLES, VOUS.

PETIT RAPPEL HISTORIQUE BANCAIRE :

  • Les crises bancaires et le scandale du sauvetage par l'État.

Il n'y a pas eu UNE crise bancaire. Il y en a eu DEUX.

La première est venue des États-Unis. C'est la crise des subprimes. La deuxième est venue de la zone euro.

Les banques ont été largement responsables de la première crise. Elles ont subi, en victimes très consentantes, la deuxième.

A DEUX REPRISES, LE SYSTÈME FINANCIER MONDIAL A FAILLI EXPLOSER.

En 2008, l'État Français est intervenu pour sauver les banques en faillite virtuelle et éviter une faillite réelle. Il a accordé 40 milliards d'euros de prêts et 320 milliards de garanties financières.

Mais l'État, sous la pression des dirigeants des grandes banques, et du fait des liens incestueux entre politiques et grands banquiers, n'a pas fait ce qu'on fait les pourtant très capitalistes Américains ou Anglais : demander une part du capital en échange de leur aide.

Six ans après l'intervention de l'État, grâce à l'intervention de l'État, grâce à votre garantie, les cours des actions bancaires ont été multipliés par trois.

Si l'État avait réclamé une part du capital, comme les États-Unis avec Citibank, par exemple, il aurait engrangé un bénéfice de près de 20 milliards d'euros, voire plus.

  • L'arnaque au chantage.

" Si je tombe, je fais tomber tout le monde " : C'est la menace ultime.

Avez-vous entendu parler de l'expression Too big to fail ?

C'est la force de frappe des grandes banques. L'arme nucléaire.

Elle font pourtant des erreurs, perdent des fortunes sur des activités délirantes et très éloignées de leur coeur de métier.

Et quand la situation devient explosive, elles se tournent vers l'état pour des aides, des prêts à taux zéro, des garanties, avec un argument qui marche à tous les coups: " On est trop gros pour faire faillite ".

TRADUISEZ : " Si vous ne nous aidez pas, nos clients particuliers vont perdre leurs économies. C'est ça que vous voulez ? Des longues queues d'épargnants devant les banques cherchant à rretirer leur argent comme pendant la crise de 1929 ? Allons, allons, réfléchissez bien ..."

Et l'État cède, évidemment.

Souvenons-nous au passage que ceux qui prennent les décisions au gouvernement pour ce qui concerne les banques sont soit d'anciens banquiers soit des futurs banquiers après le prochain remaniement.

  • Qu'est-ce qui a changé pour les banques depuis la crise ?
  • RIEN. les banques continuent de spéculer. Moins certes, l'activité de spéculation étant plus encadrée. Elle est maquillée pudiquement en " activité de marchés liée au besoin de la clientèle " . UNE BLAGUE !

Les banques continuent également, avec la bénédiction du gouvernement, qui cherche à financer son déficit permanent et sa dette gonflée à l'hélium par un modèle social électoraliste dépassé, d'accumuler des emprunts de l'État français, bien sûr, mais aussi Italien, espagnol et , pourquoi pas, grec !

 

Pour en savoir plus visitez ce site : http://www.les-crises.fr/contre-propagande-bancaire-1/

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